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La sentence de juillet

Jean-François Leblanc

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VENDREDI 6 JUILLET 2012
Le soleil de juillet me révéla ma vérité.
 Toute cette tension estivale, cette chaleur humide du monde qui se laissait recouvrir par ce soleil, curieusement se complexifia en moi lorsque Catherine m’approcha, le long du Canal Lachine, alors que je reprenais mon souffle des suites d’une longue course qui me permettait de maintenir mon corps dans les réglages de la performance. Jogger était un art pour moi : baiser était celui de Catherine. Elle transcendait les hommes, Catherine ; prenait son pied à éclipser la raison au nom de la peau. Et puis ce sang, tout ce sang qui hurlait dans mes veines, gonflant mon sexe, brisant ma voix, lorsque venait vers moi Catherine comme une dernière fois que je craignais toujours irrémédiable; jamais pris autant mon plaisir que ce jour là, ce jour de juillet où tout est devenu clair comme la lame d’une scie ronde: Catherine me faisait la peau, me ruait de coups avec son bassin que je fantasmais immobiliser avec le mien en plein milieu des campagnes, où je m’enfuyais pour lui échapper ,échapper aussi à ma passion incapable d'habiter l'existence, à cet amour dramatique et couvert d’injures, à nos querelles présentées comme des comptines à réciter au cœur d’une enfance tournée adulte. Catherine, si belle, au-dessus de cette mêlée d’ignares, qui entrait dans tous les lieux du savoir, se limant contre les parois de la connaissance ; une femme au corps incendiaire qui me poursuivait dans tous les sentiers me séparant de ma folie charnelle. Jeune, élancée, la peau claire, les seins saillants, les hanches découpées, des fesses à faire rêver et un visage que je désirais recouvrir de ma sève. Une dévergondée contemporaine, ouverte à la pornographie, sans tabous. Catherine qui aimait se multiplier par les hommes et les femmes, les orgies contrôlées la prenant aux trippes. J’en étais persuadé même si elle niait le tout et pleurait de peur devant moi au jour de sa sentence, elle qui n’aimait plus les hauteurs, qui refusait de monter dans les échafauds, elle que j’avais traînée comme la dernière des merdes tout en haut de la structure du chantier le plus récent.
Elle était là, cette pute, d’abord sous la lune et maintenant sous le soleil de juillet, au sommet du chantier de son destin, à pourrir comme une salope qui voulait tout prendre, toujours. Tuer la première femme de ma vie n’avait été qu’une simple formalité comme de planter un clou dans le bois de mon existence. J’y pensais totalement nu dans la nuit éclairée d’un seul feu, bandé, debout, tout en hauteur, les pieds fixés sur les poutres juchées dans le ciel, le regard vif, le souffle fort, le cœur libéré de toutes mes peurs. Enfin, sous la férule de juillet, Catherine m’aimait, dans la rougeur du sang et de la mort. 

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